L’Ecole des Heros ;
appendre l’Art d’effacer les mémoires.
Que le Ho’oponopono vienne de Hawaï* ne doit pas être un argument de vente exotique. Il faut avoir vécu dans l’Archipel pour comprendre à quel point chaque instant de la vie des natifs est empreint d’une spiritualité pratique.
Dans ces îles, résidu anachronique de la tradition authentique des Polynésiens, chaque geste quotidien est empreint de respect et rien ne commence sans une offrande. L’influence de la culture américaine y est forte mais la trame du quotidien maintient toujours un lien étroit avec l’essence du « Royaume originel ». Le Royaume de Hawaï et l’esprit de ses traditions survivent à travers le « Olelo », la langue traditionnelle longtemps interdite après l’annexion de l’archipel par les Etats-Unis d’Amérique.
Lorsqu’on y boit le Kava, cette boisson sacrée réalisée avec la pulpe de la plante du même nom, on commence toujours par en offrir aux dieux et aux ancêtres. Ce n’est pas une superstition, c’est parce que les hawaïens préservent leur sagesse à travers des rituels du quotidien.
Une tradition c’est la reconnaissance d’un ordre des choses qui commence par la Création. Celle-ci est ensuite transmise à la lignée humaine dont les premiers représentants doivent assurer et transmettre l’usage respectueux. Pour les natifs de Hawaï, ce lien avec l’origine n’est jamais perdu. Il protège et inspire. C’est de toutes les îles du Pacifique celles où cet « Esprit » a été conservé avec le plus de pureté malgré la colonisation.
Découverte d’un “Royaume Intérieur”
On peut vivre dans l’archipel mais je pense que même en fournissant des efforts et en respectant les coutumes, on ne peut jamais devenir Hawaïen. C’est dans l’ADN de ce peuple que se trouve son originalité irréductible. Il est possible de s’inspirer des recettes de cette tradition ou d’essayer de les copier mais rien ne remplacera le souvenir de cet exode volontaire qui a conduit il y a environ 1500 ans des hommes, des femmes et des enfants originaires de la région connue aujourd’hui sous le nom d’îles Marquises à découvrir au péril de leur vie ces terres inhabitées, éloignées et très dispersées du Pacifique central.
Ce voyage s’est fait dans des conditions périlleuses, sur des embarcations traditionnelles sacrées, taillées dans des troncs d’arbre. La persévérance et la foi ont permis à ce peuple de marins de trouver une terre ou accoster avec uniquement les étoiles pour les guider.
Dans leurs bagages, en plus des bananes et des noix de coco, ils apportaient le taro, une racine dont on fait le poï**, le plantain, la banane à cuire, l’arbre à pain, les ignames et la canne à sucre. Pour la viande, ils transportaient aussi des cochons, des chiens et peut-être des poulets. C’est dire qu’ils n’avaient pas pris cette épopée à la légère.
L’ADN de tout Hawaïen contient à jamais le souvenir de cette aventure fondatrice. Pour eux, il n’y a pas lutte contre les éléments. Ils considèrent qu’il y a une Harmonie globale de la Vie et que si on sait la respecter on est protégé et guidé. C’est ce qu’on appelle : l’Esprit d’Aloha.
Ce bref coup d’œil sur l’origine de Hawaï et ses traditions nous permet de mieux comprendre dans quelle attitude intérieure les natifs considèrent le Ho’oponopono. Cela permet aussi de subodorer que ce qui est enseigné en occident s’éloigne dans l’esprit du rituel d’origine.
Il faut aussi accepter une évidence, c’est que si on nomme les représentants de cette « tradition » les “gardiens du secret” ce n’est pas pour qu’ils révèlent des informations sur ce sujet tabou à n’importe qui et surtout pas hors de leur territoire, ce qui n’aurait d’ailleurs aucun sens…
Chez les Hawaïens « sacré » se dit aussi « secret ».
Cet arrière-plan n’invalide en rien la transmission faite par Morrnah Simeona. Il est juste indispensable de bien garder à l’esprit que le Ho’oponopono originel ne peut être vécu hors de Hawaï. Il ne peut donc être, par essence, transmis à titre gratuit ou payant.
Le Ho’oponopono n’est ni une méthode ni un art de vivre, c’est un rituel précis faisant partie d’un écosystème dans lequel il a pour rôle de préserver l’Harmonie. Il ne peut donc être pratiqué que sous la direction de personnes qualifiées non par des certificats ou des diplômes mais par le rôle qui leur a été confié dans le cadre de la culture à laquelle ils appartiennent.
* Dans le nom Hawai’i, le « HA» signifie « souffle”, ou souffle de vie, « WAI », signifie « eau » ou « force vitale », et le « I », l’Identité suprême.
Le “Ha” est un excellent outil de nettoyage qui utilise la respiration sur lequel je reviendrai.
De même, le mot “Ha-Wai-I” peut être lui aussi utilisé comme “outil de nettoyage”
**Le poï, aliment de base traditionnel hawaïen, est un plat préparé en pilant des racines de taro bouillies ( ce tubercule, est réputé pour être l’un des féculents aux vertus médicinales les plus nutritifs de la planète). La racine écrasée est mélangée avec de l’eau jusqu’à consistance lisse. Cette purée est consommé avec du sel, ou avec du sucre, voire de la sauce de soja.